Bonjour à tous,
Les lampions sont éteints, les confettis ramassés, la fête est finie, mais elle continue.
Voici ce que je retiens de cette édition Paris Ribeauvillé.
Tout d'abord, un immense merci et bravo à MMO qui, partie dans la douleur, a accouché d'un magnifique bébé, Paris Alsace. Je ne citerai aucun nom, on voit ou lit certains plus que d'autres. Il y a des membres de MMO dont le rôle est moins exposé mais tout aussi essentiel.
Cet hiver on a tous été inquiets et déstabilisés par cette bisbille destructrice, ridicule, entretenue pour on sait quelles sombres raisons, si ce n'est des égos extra-hyper-méga-surdimensionnés qui ne savent pas s’effacer devant une épreuve qui doit rester la référence, le guide, même dans un format réduit, avec des juges, des nuits, bref à l'ancienne, comme elle nous fait rêver. A titre perso, et je ne suis pas le seul, j'ai failli tout arrêter.
Le soldat Ryan a été sauvé, et il est magnifique !
Merci à MMO, la FFA de porter cette épreuve magnifique, certes d'un format réduit par rapport à avant mais qui reste mythique et gardienne d'une tradition qui m'importe beaucoup à titre personnel.
Ce Paris Alsace 2015, pour moi c'est pas Osipov ou Maslova, c'est Louis Thiriot. P… ce que tu as fait là n'est pas qualifiable, tu as fait une journée de vendredi que je ne suis pas près d'oublier. Immense respect à toi. On savait tes talents de cycliste de haut niveau, ton mental, ta science des chiffres (j'ai trouvé plus fou que moi en ce domaine….). Mais honnêtement je ne pensais pas que tu puisses faire ce vendredi 5 juin.
J'ai souvenir d'avoir ferraillé avec toi la première nuit, je ne voulais pas te passer car hargneux comme tu es (dans le bon sens) je craignais que tu t'accroches. Je n'aime marcher que seul. C'est fait au petit matin, je crois que tu étais arrêté en soins. Je me suis dit que ça allait être difficile pour toi.
La route continue, je remonte en ce jeudi pas mal de marcheurs qui semblent dans la difficulté en raison d'une chaleur déjà bien établie. Que je pense assez bien supporter.
Dans un virage, après Semaize (ou un peu avant je sais plus) j'aperçois le père Jean Claude Noël, les yeux brillants, il n'a pas pu s'empêcher. Il a rangé sa sciatique et a pris la route pour nous supporter. Grand bonheur de te voir, jean Claude, avec ta ceinture de soutien. Comme celle de jean Pierre Lanjouère. Voilà des beaux passionnés voilà des gens qui vous donnent envie d'aller plus loin. Sans un mot, rien qu'un regard. Merci à tous les deux !
J'atteins Bar Le Duc dans de meilleures conditions que l'an passé. 10mn de retard sur mon planning, mais secrètement j'espérais arriver à 0h30, j'en suis loin 0h55 je crois. Sans être confiant je suis assez serein, une belle ampoule sur le dessus du pied (une 1ère), les pieds bien échauffés. Mais à part ça, les cannes bien dures, ce repos se passe correctement, j'ai même réussi à dormir quelques minutes, c'est dire…
J'avais décidé de repartir en m'appliquant d'entrée, je savais le tronçon Bar Epinal bien, plus ardu que l'an passé (12 km de plus pour 2 heures de plus). Fred Chabin est de quart à ce moment là. Il surveille, vigilant et attentif.
A la sortie de Bar j'entends un marcheur revenir puis me passer, le père Louis ! Aérien, léger, il me dépose comme une fleur, non sans le petit encouragement sympa. Il marche vite, moi pas, il s'éloigne inexorablement. Plus tard, je crois que c'est Daniel Bocuze qui me fait la même. Lui que j'avais passé la veille alors qu'il siégeait, impérial, sur sa chaise percée !
Louis crie à Daniel Duboscq qu'il a des sensations comme jamais, qu'il n'avait jamais rêvé avoir à ce moment là de l'épreuve. KOMANKIFè ?
Décidément ces vieux (enfin… plus vieux que moi) sont de sacrés gamins.
Je continue mon chemin, la chaleur devient rapidement écrasante, on savait, enfin... j'avais retenu une météo à 35°c, le thermomètre du camping car indique 39°c, il paraît que ça a monté à 42°c dans certaines cuvettes suffocantes des contreforts des Vosges. J'ai le souvenir de me verser un demi litre de flotte sur la casquette et le voile de nuque (ma Berdoule ou un truc comme ça en chti Catteau!), 5mn après les tissus sont secs. Je bois fréquemment, mes équipiers me vaporisent en permanence, l'un d'eux craint même une tendinite à l'index à force de pomper sur le pistolet. La surchauffe fait son œuvre.
Je prends des nouvelles de Tof Raulet qui navigue un peu devant moi. Décidément on aura tout fait pareil cette année : même blessure au même moment, même course contre la montre pour se soigner, reprendre de la condition, rattraper des km perdus en février sans se re-casser surtout !. On s'est beaucoup soutenus pendant cette période et là on est séparés de quelques 2-3 km, ensemble, c'est tout !
Daniel Duboscq vient à ma hauteur l'air un peu inquiet : j'ai bouffé toute ma maigre marge : elle a fondu au soleil !
Peu avant Neufchateau (20mn de retard) Il me dit ''si tu veux passer à Gironcourt dans les délais tu dois marcher à 6 tout le temps''. Je me souviens que ce tronçon est le plus long, P… plus de 5 heures à 6. L'équipe se met au train, les marcheurs et les autres tournent alternativement, je leur dis que c'est pas possible, ils me font marner à 9 là ! Et non, j'ai les cannes tellement dures, les pieds tellement en fusion que je produis un effort qui ne me fait avancer qu'à un triste 6.
Et c'est parti : ma fille Marie se sert de la montre GPS de Francis qui sonne tous les kms et affiche alors le temps passé. Marie recalcule la marge 5mn12, 5mn05, 5mn 34, 6mn. Et Daniel rectifie '10'12 c'est pas bon allez on tire. Je tire. ''9'45'' c'est bien, reste comme ça, j'essaie de rester comme ça. 10'05 tu te relâches, ok je me ré-applique. 5 heures ça dure le bazar, y compris un fameux mur à 12 -13 % dans la fournaise, y'a pas le temps de râler, de se plaindre.
Et Daniel qui me re-gueule dessus, qui me réapprend à marcher, à 6, parce que je n'y arrive plus. Me fait tirer sur les bras… Bref je prends un cours de marche au km 300 !
Comme prévu, après Neufchateau, j'espérais revenir sur les filles. Je vois Annie BERTHAULT. Je veux la passer, absolument, mais elle avance encore pas mal, je marche peut être 0,1 km/h plus vite. A ce train là je mets très longtemps à revenir sur elle. Je la passe dans une descente assez raide, mes orteils apprécient modérément, j'ai mal partout.
Autre image : Philippe Kercret à partir du plan détaillé (merci Claude Mauny, tes plans c'est génial!) a repéré une voie de chemin de fer. Grâce à la carte il me gueule ''4,7km, il te reste 52mn pour le PCS''. Ca peut passer mais il faut encore s'appliquer. Je passe finalement à Gironcourt-sur-Vraine 4mn avant la fermeture.
En ressortant du gymnase je vois qu'Annie va également passer. Bravo Annie.
Bon, ça c'est fait. Dossier suivant. Madonne et Lamerey ? Non c'est Mirecourt, ah merde : il y a 3 tronçons, je pensais qu'il n'en restait que 2.
Sauf que les 5 heures dans cette chaleur m'ont épuisé au-delà de ce que je pensais. La tête était 100 % sur Gironcourt. Quand elle a réalisé qu'il restait encore 50 km sur le même rythme et que je n'en n'étais pas capable, ça a dévissé, mon releveur se réveille, un quadriceps se contracte douloureusement, limite crampe. Je n'en peux plus. J'arrête là, un juge est dans les parages (mille pardon, je me rappelle très bien ton visage mais pas ton nom), on lui remet la feuille et la balise. Terminé.
Je n'ai pas honte d'affirmer que j'ai abandonné. Je n'en pouvais plus. Daniel Duboscq est entre tristesse et colère, ben oui, lui il a tout réussi du premier coup. Moi j'y arrive pas, même en redoublant, même au repêchage…
Samedi matin, avant de rentrer, je salue Philippe Douterluingne, mon prez de club. Tête des mauvais jours, je lis des reproches, de la déception, voire de la colère dans ses yeux. Je suis penaud comme un gamin. Y'a pas Duterte cette année, Y'a pas Mizera. Désolé Prez j'ai vraiment donné ce que je pouvais. Suis je encore capable de souffrir plus ?
Quel bilan ? Contrasté. Je me classe 10ème, inespéré, apparemment je ne suis pas blessé, une équipe formidable encore une fois, j'ai rencontré beaucoup moins de problèmes de sommeil, voilà pour le bon
Le moins bon, c'est que de toute évidence ma blessure de février m'a empêché de me préparer comme je le voulais. Ce parcours était plus raide que le PC 2014. L'an dernier le médecin m'arrête à 30km de Vittel, il me reste 6 heures de délai.
Cette année j'abandonne à 50 km d'Epinal, 50 que j'aurais du couvrir en moins de 9 heures, il n'y a pas photo. Avec ma condition de cette année, je passais l'an dernier. Mais avec des si on met Paris Alsace en bouteille…
La chaleur, que dis je la canicule ? Il paraît qu'à 40°c on perd 25 % de ses capacités. Les 8 à l'arrivée ils ont subi la même ! L'interrogation demeure.
Il y a une chose dont je suis sûr : si javais réussi à atteindre Bar 45-50 mn plus tôt c 'était gérable . Et pour ça c'est pas compliqué : gagner 0,1-0,2 km/h les 24 1ères heures.
Pour 2016, je sais ce qu'il me reste à faire, du moins si je repars : pas de blessure, marcher plus et plus vite à l’entraînement. C'est vachement facile en fait la marche….
Bonnes vacances à tous.